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La presse

L’OEIL D’OLIVIER 
Marie-Céline Nivière

l'épouvantaille, une fable aérienne et volatile

ARTS MOUVANTS
Sophie Trommelen

S’appuyant sur le langage des oiseaux, ces messagers venus des temps les plus anciens chanter aux humains des paroles oubliées, l’autrice s’amuse très sérieusement à dérouler ses réflexions sur le sens de la vie. Et comme derrière chaque mot se cache un sens, on peut vite se perdre dans les méandres de l’existence. Qu’est-ce qu’un terrien ? Un t’es rien !
Ce spectacle « pluridisciplinaire, destiné aux indisciplinés », séduit énormément par sa conception. Composée d’une structure en trois niveaux, construite en ferraille, en bois, en chanvre, la scénographie porte tout. L’épouvantaille cherche à s’en libérer par la parole. Se débarrassant de ses oripeaux, elle se meut en une femme enfin libérée des carcans sociétaux et héréditaires. Voltigeant autour d’elle, gazouillant des airs connus, roucoulant des mélodies, les oiseaux, de toutes sortes, viennent la titiller, la chambouler et surtout l’aider. Camille Voitellier, aérienne et clownesque et Xavier Bernard-Jaoul, musicien de haut vol, artistes aux talents si variés, sont formidables. Le public est invité à agir, en apportant la lumière et surtout à se joindre par le son à cette symphonie apaisante.

Le théâtre des Turbulences nous invite à nous extirper un instant du chaos de la ville et nous entraîne dans son univers onirique et poétique. Peuplé d'oiseaux aux chants enjôleurs perchés sur une structure aérienne, l’épouvantaille, récit initiatique à l'imaginaire foisonnant, nous réconcilie avec un essentiel noyé sous trop de conventions qu'elles soient sociales, politiques ou culturelles.

Coincée dans sa posture de statue de bois qui l'oppresse, l’épouvantaille peu à peu s'éveille au monde. Titillée par des oiseaux facétieux qui viennent doucement lui chanter la douce musique de la vie, l’épouvantaille se défait pas à pas du carcan insidieusement protecteur et rassurant qui l'enfermait jusqu'ici.
Exposée alors au regard de l'autre, à sa conscience qui se libère, l’épouvantaille se souvient et reconstruit le fil de sa vie.

L'arbre au squelette de fer figure les branches sur lesquelles Camille Voitellier, oiseau espiègle, déambule avec son agilité de circassienne. Moineau piaillant, aigle glapissant, huppe déclamant ses strophes syllabiques ou macareux grognant, elle déploie ses ailes et son chant et volète autour de l’Épouvantaille. La nature bouscule cet être figé de trop de culture et distille sans relâche son souffle plein de vie, jusqu'à ranimer cette conscience endormie. Xavier Bernard-Jaoul, compagnon bienveillant, oiseau protecteur, pose sa musique sur les mots de Stella Serfaty et c'est toute la représentation qui prend son envol.

Le texte se détache de la pure narration pour nous entrainer dans un enchevêtrement de fulgurances, comme des petites bulles d'air, autant de figures poétiques qui composent un récit engagé et engageant. Jouant avec les mots, Stella Serfaty secoue les sons et les sens. L'intention ne s’arrête pas au propos. Le décor entièrement composé de matériaux récupérés, la lumière propulsée par l’énergie participative du public, l’épouvantaille se veut une représentation écoresponsable, à l'image de l’éthique de la compagnie.

Forme pluridisciplinaire, la performance acrobatique, musicale et poétique compose, en lien avec le décor, un théâtre de bric et de broc, un travail d'artisanat artistique et engagé qui constitue un matériau vivant, singulier, et véritablement créatif. La compagnie Le Théâtre des Turbulences à travers un univers sonore, visuel et poétique évoque d'autres possibles dans notre façon d'être au monde. Fable humaniste, étonnante et généreuse, l’épouvantaille nous exhorte à plus de transcendance, à libérer nos âmes figées au sol qui n'attendent qu'à prendre leur envol.

TOUTE LA CULTURE
David Rofé-Sarfati

Le texte livre courageusement une psyché dénudée. Le style se veut erratique, contingenté, construit autour d’associations et de hasards. C’est une poésie tendre. Nous sommes au cœur de son intime. L’épouvantaille sera guidée par les oiseaux omniprésents, contributifs, malicieux ils agissent dans l’ombre. La comédienne trapéziste chanteuse clown et tambourineuse Camille Voitellier est certainement la plus belle expérience spectateur de la pièce. Elle plane, vole, figure, joue, invente, enchante, bouleverse et émerveille.
La fable écolo et humaniste ressemble à une guérison. L’artiste traverse les questions essentielles de sa place au monde, de son origine, de sa féminité et de tous les combats qu’elle a dû et sû mener. Ce conte faussement enfantin montre une femme se libérer de ses assignations, de ses identifications délétères, de ses terreurs. Formidable et attachant, il nous rend optimiste. Au final, dans un vacarme de tambour, cette femme s’ancre, authentique dans la terre et dans ce chamanisme qui constitue son nouveau pays.

LES CHRONIQUES D'ALCESTE
David Season

Un sommet du théâtre !

J'ai eu du mal à sortir de cet univers si poétique, si philosophique, si universel... C'est la première fois que cela m'arrive.
Le texte est exquis, d'une profondeur peu commune et la mise en scène inventive, virtuose permet au spectateur de le vivre.
La fabuleuse Camille Voitellier, campe différents oiseaux avec une grâce inouïe. Elle insuffle une poésie formidable à ses personnages. Xavier Bernard-Jaoul est aussi très inspiré, il contribue grandement à la qualité exceptionnelle de ce spectacle, en particulier lorsqu'il joue d'un instrument.
La scénographie est proche de la perfection : Lucie Joliot a réussi à rendre ce spectacle inoubliable tant tout est juste, sensible. Les lumières, qui jouent un rôle essentiel dans ce spectacle, donnent un relief merveilleux à l'action. Un immense bravo à cette artiste.
Les spectateurs sont impliqués et donc acteurs au sens propre. Ils apportent leur aide et permettent le bon déroulement de la représentation. Étant partie prenante, je me suis pris au jeu et vers la fin, je me suis senti investi du rôle qu'on me proposait de jouer. Je tire mon chapeau à Stella Serfaty, qui a su comme personne me proposer un voyage singulier à la fois onirique et réaliste, en tous les cas très optimiste, qui donne envie de vivre intensément chaque seconde de l'existence.
Tout est tellement abouti que les mots me manquent pour chanter les louanges de ce spectacle. C'est un spectacle qui se vit plus qu'il ne se raconte.
Ne vous privez pas d'un plaisir si rare : allez voir l'épouvantaille...

France Bleu - 
Ça se passe à Paris
Johann Guerin

Tempête sur les planches
Thomas Hahn

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